Page 4 - NOEL A LA COUR DE VERSAILLES
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Un rituel maintenu sous Louis XV, qui fait
               par exemple un présent à son épouse en
               janvier 1746 :
                     ‘‘Le Roi donna hier des étrennes à la
                     reine, ce qu’il n’avait point fait depuis
                     plusieurs  années ;  c’est  une  petite
                     tabatière d’or émaillée, dans laquelle
                     il y a d’un côté une montre.’’

               Marie  Leszczynska  adore  cette  pratique
               des  étrennes.  Elle  en  offre  à  toutes  les
               personnes qu’elle estime.
               Ainsi à Madame de Luynes, ‘‘une tabatière
               d’or  incrustée  de  corsalines  en  forme  de
               cerises parfaitement belles’’.
               Si les tabatières en or sont donc toujours            Tabatière en or, époque Louis XVI
               présentes, des présents plus originaux ou
               plus somptueux sont aussi distribués, et parfois en avance, se rapprochant ainsi de la date de
               Noël.

               Le 31 décembre 1744 :
                     ‘‘Hier le roi donna des étrennes à Mesdames [ses filles] ; à l’une, une paire de
                     boucles d’oreilles de diamant, à l’autre une cave de cristal de roche.’’

               Deux ans plus tard, la reine envoie au domaine de Choisy où réside son époux ‘‘deux fort belles
               terrines de porcelaine de Saxe, qu’elle fit remettre à M. de Coigny ; elles furent présentées au
               roi sans dire de qui elles venaient ; ce présent a fort bien réussi’’.
               L’année suivante, le roi, féru de sciences, offre à sa femme une très belle pendule qui joue 13
               airs, pour décorer ses cabinets.



               Dès le règne d’Henri IV, la coutume de la bûche est attestée.
               Il s’agit d’une véritable bûche ou « souche » en bois que l’on jette au feu la veille de Noël.
               Le médecin du jeune dauphin, futur Louis XIII, témoigne le 25 décembre 1605 :
                     ‘‘Le Borgne [un domestique] arrive, le dauphin lui voit mettre des bûches au feu,
                     dit que c’est la venue de Noël, d’autant que le jour auparavant, avant souper, il vit
                     mettre la souche de Noël, où il dansa et chanta à la venue de Noël.’’
               En  revanche, pas de  sapin.  La  coutume  de décorer  un  arbre  pour  les  fêtes  de  Noël  vient
                                                                  e
               d’Allemagne et des pays de l’Est de l’Europe. Au 18 siècle, cette tradition n’est pas du tout
               dans les mœurs des Français !
               Les princesses germaniques qui arrivent à Versailles s’en étonnent.
               L’une des premières à tenter de diffuser ce folklore à la Cour est une princesse bavaroise :
               Elisabeth-Charlotte, seconde épouse de Monsieur frère de Louis XIV. En décembre 1708, dans
               une lettre à sa fille devenue duchesse de Lorraine, elle raconte avec nostalgie ses Noëls à
               Hanovre :
                     ‘‘Je ne sais si vous avez un autre jeu qu’on fait encore en Allemagne qu’on appelle
                     le Christkindl, comme qui dirait l’enfant Christ, où on dresse des tables comme des
                     autels et qu’on garnit pour chaque enfant de toutes sortes de choses, habits neufs,

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