Page 3 - NOEL A LA COUR DE VERSAILLES
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Son  successeur  Louis  XV  se  montre  moins  strict :  les  courtisans  sont  priés  de  se  tenir
               tranquilles uniquement durant la veillée de Noël.


               Le duc de Luynes l’écrit par exemple dans ses Mémoires en décembre 1743 :
                     ‘‘Mardi, veille de noël, il n’y eut ni comédie, ni jeu ; c’est l’usage. La reine se retira
                     dans ses cabinets après qu’elle fut rentrée de l’église.’’
               La  tradition  veut  aussi  que  l’on  donne  un  sermon  chaque  dimanche  de  l’Avent  et  qu’un
               membre de la Cour fasse la quête la veille de Noël.
               En 1741, c’est au tour de Madame de Chevreuse : ‘‘Ce fut Madame de Chevreuse qui quêta ;
               le total de la quête monta à 45 louis.’’



               Sous l’Ancien Régime, des présents sont distribués non pas pour Noël mais pour célébrer la
               nouvelle année.
               C’est l’occasion pour le roi, la reine et les princes de témoigner leur reconnaissance ou leur
               amitié  aux  membres  de  leur  maison  et de  la  Cour  en  les  gratifiant  d’un  bijou  ou  en  leur
               remettant une certaine somme d’argent : les étrennes.
                   er
               Le 1  janvier 1606, le dauphin Louis, âgé de 5 ans, est surexcité à l’idée de pouvoir distribuer
               des présents aux courtisans. Son médecin raconte :
                     ‘‘Vêtu de son manteau, coiffé, peigné paisiblement pour ce qu’on lui dit qu’il ne
                     fallait  pas  faire  l’opiniâtre  le  premier  jour  de  l’année,  de  peur  de  l’être  toute
                     l’année. Il tient le manchon de Madame de Montglat, et s’en va à chacun, l’en
                     frappant  gaiement  et  souriant  en  disant :  Tenez,  voilà  vos  étrennes,  et comme
                     honteux  de  n’avoir  aucune  chose  à  donner  à  ceux  qui  lui  demandaient.  On  lui
                     apporte du ruban bleu ; il en donne à plusieurs.’’
               L’année suivante, le 26 décembre, il demande à écrire : ‘‘ Je veux écrire un petit livre que je
               veux faire imprimer, pour envoyer à papa [Henri IV] pour ses étrennes.’’
               La pratique prend de l’importance sous Louis XIV. Le 31 décembre 1699, le roi n’hésite pas à
               analyser de son regard critique les cadeaux que les courtisans vont offrir à l’épouse de son
               petit-fils :
                      ‘‘Le soir, chez Madame de Maintenon, toutes les dames de madame la duchesse
                     de Bourgogne firent porter dans une grande manne les présents qu’elles faisaient
                     à cette princesse pour ses étrennes. Le roi se donna la peine de tout ouvrir et de
                     tout voir, et trouva les présents fort bien choisis.’’
               Louis XIV donne très souvent de l’argent que ses proches sont heureux de dépenser ensuite à
               leur guise ! Sa belle-sœur Elisabeth-Charlotte, grande collectionneuse de médailles, écrit à la
               duchesse de Hanovre le 10 janvier 1700 :
                     ‘‘Certes j’ai à vous remercier de ces belles médailles ! Vous ne vous figurez pas quel
                     amusement c’est pour moi. Je passe des journées entières à les regarder, comme
                     aussi  mes  médailles  antiques.  Lundi  dernier  j’en  ai  de  nouveau  acheté  cent
                     cinquante avec l’argent que le roi m’a donné pour mes étrennes.’’
               Le  Roi-Soleil  prend  aussi  l’habitude  de  commander  pour  l’occasion  à  l’administration  des
               Menus Plaisirs des tabatières en or.




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