ENTRE JURA ET DOUBS : Salins-les-Bains, la Grande Saline, Nans-sous-Sainte-Anne, le Musée de la Taillanderie

    Date limite d'inscription : 10 juillet 2021

    Jeudi 15 juillet 2021 : ENTRE JURA ET DOUBS
    Salins-les-Bains, la Grande Saline, Nans-sous-Sainte-Anne, le Musée de la Taillanderie

    Je vous propose de découvrir le déroulé de la journée que nous allons partager jeudi 15 Juillet 2021 : ‘‘ENTRE JURA ET DOUBS, la Grande Saline à Salins-les-Bains & le musée de la Taillanderie à Nans-sous-Sainte-Anne’’.

    En matinée,  après une pause-café requinquante sur l’aire du Poulet de Bresse, nous rejoindrons notre premier rendez-vous, Salins-les-Bains dans le Jura, pour y visiter la Grande Saline, en cœur de ville, ville dans la ville.

    Approche historique (d’après Philippe Mairot, conservateur en chef du patrimoine, directeur des Musées des techniques et cultures comtoises)

    Quelques mots sur le sel :

    Le sel réhausse le goût des aliments, c’est un exhausteur et il conserve le périssable. Depuis des millénaires, il est également au cœur des échanges entre les hommes ; toutes les sociétés humaines ont dû nécessairement se procurer du sel et lui reconnaitre une certaine valeur, car il n’a aucun équivalent, il est insubstituable. D’où l’importance d’en maitriser la production et de savoir l’entreposer.

    Son monopole a été longtemps âprement disputé : on traverse des déserts pour l’échanger contre des esclaves ou de l’or, on bataille pour se l’approprier, on bâtit des villes cernées de murailles, surveillées par des troupes armées, on punit des galères ceux qui se risquent à en voler. On l’appelle, l’or blanc  !

    De ce fait, le sel a fait l’objet d’une intense activité commerciale à l’origine d’itinéraires précis : les routes du sel.

    Le sel dans la terre

    On trouve le sel sur tous les continents, sous forme solide, dans les sous-sols où il atteste la présence ancienne des océans ; depuis l’âge de fer (entre le 8e et le 5e siècle avant J.C.) on l’extrait directement dans des mines.

    Dans la nature le sel n’est pas rare, mais il est inégalement réparti et rarement immédiatement accessible. Le plus souvent pour se le procurer, il faut mettre en œuvre des techniques spécifiques. De ce fait, les paysages, les voies de transport, les implantations humaines en ont durablement été marqués.

    La Franche-Comté n’a ni littoral, ni chaud désert salé, mais parce que ses couches de sel gemme n’y sont pas très profondément enfouies – on dit qu’elles affleurent – de nombreuses sources salées ont pu y être exploitées et le sont encore aujourd’hui.

    Le sel, don de la nature, fait la fortune du pays comtois

    En Franche-Comté, 5000 ans avant notre ère, au moins une dizaine de sources salées sont exploitées, l’occupant romain qui stoppe momentanément cette exploitation au profit de son propre sel issu des rivages méditerranéens apprécie déjà les savoir-faire locaux : ‘‘C’est de Séquanie (nom romain de la Franche-Comté) qu’arrivent sur le marché de Rome les meilleures salaisons de toute la Gaule’’ (Cf.Strabon, auteur du Ier siècle avant J.C.).

    L’exploitation locale de sel est attestée à nouveau dès le 4e siècle de notre ère.

    Salins s’impose : deux bourgs, trois salines, des propriétaires successifs

    Salins est établie le long de la vallée escarpée de la Furieuse (source d’énergie pour les roues des salines et pour de nombreux ateliers.

    Les documents manquent pour éclairer l’histoire des salines jusqu’au 7e siècle de notre ère, où elles sont attestées dans les actes de l’abbaye de Flavigny (Côte d’Or).

    A partir du 12e siècle, les documents sont plus nombreux et l’on distingue à Salins, alors divisé en deux bourgs, trois salines.

    • Au Bourg Dessus, la Grande Saline (ou grande Saunerie), avec son puits d’Amont (ou Grand Puits) et son puits à Gré, est tout d’abord partagée entre une centaine de propriétaires rentiers.

    Elle devient la quasi-propriété des comtes de Bourgogne en 1237, quand Jean de Chalon-Arlay acquiert la baronnie de Salins.

    Entre les deux puits, attestés respectivement vers 1115 et vers 1242-1248, est construite au 13e siècle, une galerie souterraine de 165 mètres de long, haute de 6 à 7 mètres, voûtée en berceau, ponctuée d’arcs doubleaux, où un canal – le canal de Cicon – récupère et évacue vers la Furieuse les eaux douces provenant de la roue hydraulique.

    • Au Bourg Dessous, la Petite Saline, avec son puits à Muire, est entre les mains de 161 propriétaires rentiers ou parçonniers: 27 établissements religieux et 134 laïcs, parmi lesquels le comte de Bourgogne, qui perçoivent les bénéfices commerciaux. L’exploitation est confiée à des moutiers ou officiers qui dirigent la fabrication du sel.
    • Entre ces deux salines, une plus petite se développe, la Chauderette de Rosières, elle dépend de la matière première de la Grande Saline et appartient aux abbayes, Cistercienne de Rosières (Jura) et de Cîteaux (Côte d’Or).

    C’est pourquoi on parle des salines de Salins, concurrentes et parfois même en conflit.

    Une enceinte, attestée en 1249, protège la saline, et la ville elle-même est fortifiée par les Chalon-Arlay

    Au 16e siècle, le Comté passe sous la domination des Habsbourg et Nicolas Perrenot de Granvelle, Garde des Sceaux de Charles-Quint, est nommé pardessus, soit officier supérieur de la saline en 1534 : la saline est toujours surveillée de près par son propriétaire !

    En 1601, et cette date marque un changement important, la saline n’est plus gérée directement par ses propriétaires mais est confiée en fermage à un entrepreneur (ou amodiateur) pour une durée de 7 puis de 9 ans.

    Grâce à ce rachat successif des parts des autres rentiers, les salines peuvent être unies dans une seule et même administration au 17e siècle.

    La Grande Saline de Salins-les-Bains fut en activité pendant 1200 ans, jusqu’en 1962.

    De 1780 à 1895, son eau salée a été acheminée sur une distance de 21 km par des saumoducs jusqu’à la Saline Royale d’Arc-et-Senans, construite à proximité d’un massif forestier important pour en assurer le combustible.

    Nous serons accueillis par les guides qui nous plongeront au cœur de la Grande Saline, Monument historique, inscrite au Patrimoine de l’UNESCO depuis 2009 (en extension de la Saline Royale d’Arc-et-Senans). Site unique en Europe.

    Nous serons au centre d’une aventure industrielle, économique, politique mais avant tout humaine :

    • Déambulation sous les impressionnantes arches de la galerie souterraine, bâtie au 13e siècle à l‘image d’une cathédrale, tout en écoutant le bruit de l’eau….
    • Découverte des mouvements de la roue hydraulique – qui actionne une bielle qui transforme le mouvement circulaire en va-et-vient linéaire alternatif pour en mouvement les pompes – et son grand balancier du 19e siècle toujours en fonctionnement (pompant une saumure chargée à 330 g de sel par litre d’eau, plus concentrée en sel que la Mer morte !).
    • Visite du bâtiment d’évaporation abritant la dernière poêle à sel de France (d’une inestimable valeur archéologique : date de début 20e siècle, mesure 17,5m de long et 4,2 m de large et peut contenir 40 000 litres de saumure !). Elle laisse imaginer la pénibilité du travail des sauniers pour récolter l’Or Blanc.
    • Visite libre dans l’ancien grenier à sel où un parcours muséographique présente des collections dédiées au sel et à sa production et un espace audiovisuel présentant le travail des sauniers et le lien avec la Saline royale d’Arc et Senans.

    Dès 11h30, nous cheminerons sur une centaine de mètres, vers notre rendez-vous surprise, la visite intérieure de la chapelle votive Notre-Dame-Libératrice ; nous serons guidés exceptionnellement par le Président de l’association ‘‘ les amis de Notre-Dame-libératrice’’, œuvrant pour sa sauvegarde.

    Quelques mots sur la chapelle :

    Construite au 17e siècle, suite à 3 vœux faits à la Vierge par la ville de Salins en 1638, 1639 et 1642, période de la Guerre de Trente Ans. Ils lui demandaient sa protection contre l’armée ennemie du duc de Saxe-Weimar, la peste et la famine.

    Son vocable, Notre Dame Libératrice, n’avait jamais été donné auparavant à un édifice religieux en Franche-Comté. Sa forme de plan ovale, unique en Franche-Comté, est une idée notée à Rome par un chanoine de Salins. La voûte a d’ailleurs nécessité la réalisation d’un réseau de nervures en bois soutenant des voûtains de plâtre sur lattis.

    Elle est couverte par un dôme couronné d’une tour lanterne surmontée d’un coq, le plus grand de Franche-Comté (700 kg). Le dôme vient d’être rénové et le coq en cuivre étamé remplacé à l’identique en 2007. Enfin, si la chapelle était isolée à l’origine, elle a été intégrée dans l’hôtel de Ville bâti de 1718 à 1739.

    L’intérieur est paré de boiseries à la base des murs, alors qu’une balustrade court tout autour de la chapelle à mi-hauteur.

    Un grand retable réalisé entre 1665 et 1670 habille le fond du « chœur ».

    La grande statue de la Vierge à l’Enfant avec des drapeaux et canons à ses pieds est la statue en plomb de Notre-Dame-Libératrice qui dominait l’entrée autrefois.

    Au-dessus du retable, à l’aplomb des colonnes, les statues en bois polychrome de la Vierge et de Saint Jean sont du 15e siècle. A l’origine elles appartenaient à un calvaire aujourd’hui démonté.

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    → Pause piquenique tiré du sac, vers la source du Lison, sur la commune de Nans-sous-Sainte-Anne : soit à l’espace couvert, soit aux abords ou vers la source du Lison.

    Le site est magnifique, bucolique à souhait, aménagé pour les visiteurs  : la source du Lison est à l’origine de la législation sur la protection de l’environnement, la loi Beauquier de 1906. Le site de la source du Lison est classé depuis le 2 mai 1902.

    Son histoire :

    En 1889, le propriétaire d’un moulin de Fons Lison aujourd’hui détruit, prévoyait de capter l’eau et de remplacer la cascade par une conduite forcée pour fabriquer de l’électricité, ce qui aurait défiguré le site.

    La source étant propriété communale, les habitants de Nans-sous-Sainte-Anne se mobilisèrent et firent appel à leur député, Charles Beauquier (1833-1916).

    Après deux procès, ils gagnèrent définitivement en 1902.

    Charles Beauquier, homme de Lettres et député du Doubs de 1880 à 1914, fut l’un des fondateurs de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France, dont il devint le deuxième président (1901 à 1915), succédant à Sully Prud’homme.

    Pour conforter la victoire du Lison et protéger les sites pittoresques de France, Charles Beauquier fit voter le 21 avril 1906, la première loi de protection de l’environnement, dite loi Beauquier.

    Il disait : ‘‘ Défendons notre pays, pied à pied, buisson par buisson, rocher par rocher, contre les laideurs’’.

    Les sites classés sont aujourd’hui plus de 3000 en France.

    Sur le site de la source du Lison, nous marcherons aussi dans les pas du peintre Gustave Courbet (1819-1877). Ambassadeur de sa terre natale, il en parlait ainsi :

    ‘‘ Pour peindre un pays, il fut le connaitre. Moi, je connais mon pays, je le peins. Ces sous-bois, c’est chez nous, cette rivière, c’est la Loue, celle-ci, c’est le Lison ; ces rochers ce sont ceux d’Ornans et du Puits noir.

    Allez y voir et vous reconnaitrez tous mes tableaux’’.

    Source du Lison Peinture de Gustave Courbet – 1866

    Lors de notre visite de reconnaissance le 29 juin 2021

    En après-midi,  nous rejoindrons, à deux pas, dans la même commune, au lieu-dit La Doye, le musée de la Taillanderie, haut lieu de la production de faux en Franche-Comté.

    Depuis bientôt 50 ans, grâce au travail de conservation, cet ensemble est resté inchangé, il reçut le prix des chefs-œuvre en Péril en 1981, puis fût classé monument historique.

    L’ensemble des mécanismes hydrauliques fonctionne toujours, entre autres, un système de soufflerie unique au monde.

    Un peu de son histoire et de la visite :

    Depuis longtemps, les montagnes du Jura, procurent des ressources naturelles, qui permettent à l’homme de prospérer.

    Créée par Arsène Lagrange vers 1828, cette Taillanderie, fabrique d’outils taillant, fut vendue en 1865 à la famille Philibert, elle fermera ses portes en 1969.

    Agrandie et surtout aménagée pour la fabrication de la lame de faux, c’est encore la même usine que nous pouvons découvrir aujourd’hui.

    Nichée au pied des falaises de la Doye, sur le ruisseau de l’Arcange, un affluent du Lison, c’est de cette eau qu’elle tire son énergie pour actionner les grandes roues à augets.

    Son dynamisme et la qualité de sa production lui ont permis de vendre ces outils dans 27 départements en France, mais aussi en Suisse et en Afrique du Nord.

    À son apogée elle produira environ 20 000 faux par an et 10 000 autres outils.

    La mécanisation de l’agriculture et des métiers manuels, ainsi que l’exode rurale et le manque de savoir-faire, fit baisser la production à partir de l’entre-deux-guerres pour fermer définitivement en 1969. Les trois derniers, deux frères Philibert et leur ouvrier, produisaient encore 3 000 outils par an.

    Le musée de la Taillanderie témoigne de l’industrialisation au fil de l’eau qui s’est développée en France au 19e siècle et de la vie dans la ferme atelier.

    La ferme-atelier est caractéristique de la montagne jurassienne et se veut avant tout une entreprise familiale.

    Elle combine deux activités élémentaires : la petite exploitation agricole destinée à couvrir les besoins vivriers des ouvriers et des locaux industriels. Le climat de la région régit le fonctionnement de la ferme-atelier, on privilégie l’usage de la force hydraulique, l’hiver pour l’activité industrielle, tandis que le printemps est consacré à l’exploitation agricole.

    La ferme-atelier est une véritable unité de production qui s’est développée dans les campagnes et montagnes franc-comtoises tout au long du 19e siècle.

    Des roues hydrauliques de 5 m de diamètre – qu’un mince filet d’eau suffit à mettre en fonctionnement – actionnent quatre martinets de forge. Les taillandiers les utilisaient pour aplatir le métal et donner sa forme à l’outil. Deux imposants soufflets en chêne activaient en cadence les feux de la forge.

    À partir d’un lopin d’acier d’une quinzaine de centimètres, l’étireur puis le platineur étaient capable de fabriquer une lame de faux de soixante-dix centimètres.

    Un ensemble de roue à augets et de couronnes en fonte, système de 17 tonnes, actionne des martinets de 80 à 150 kg.

    Pour se rendre compte des conditions de travail, un des systèmes hydrauliques fonctionnera.

    Nous imaginerons alors l’atmosphère des ateliers où les taillandiers travaillaient dans le vacarme assourdissant des énormes martinets de forge qu’on entendait à des kilomètres à la ronde !

    Une fois les outils ébauchés avec ces énormes marteaux, ils étaient finis sur les enclumes dans la partie forge traditionnelle.

    La finition et l’aiguisage se passent dans un petit atelier où toutes les machines tournent avec la force d’une turbine, nous pourrons apprécier le martelage à froid avec le plus petit des martinets de 10 kg qui frappe à 500 coups minute.

    Pour voir toute l’ingéniosité de la soufflerie entièrement en bois, elle sera expliquée et actionnée, nous retrouverons ici l’univers des engrenages.

    Une collection d’outils est présentée dans l’ancien magasin de stockage, une centaine de faux différentes, des pioches, des haches et autres coupe-foins permettent de voir le résultat et la beauté des outils Philibert.

    Pour finir, dans le dortoir des célibataires, une exposition permanente retrace la vie et les conditions de travail à la Taillanderie de 1865 à 1969.

    Texte proposé par Solange Bouvier
    Sources, texte et photos :
    Salins-les-Bains, Arc-et-Senans
    Fortunes du sel comtois
    Internet

    LEGENDES FRANC COMTOISES
    Galerie photos
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    Pour toute information complémentaire, merci de contacter Claudine PRORIOL :
    - par téléphone au 04 74 92 56 77 ou 06 78 72 53 54 (sms de préférence).
    - par E-mail à cloproriol@orange.fr

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