Page 5 - LES PRINCES FLAMBOYANTS DU MOYEN AGE, ZOOM SUR LOUIS D’ORLEANS, LE FASTE FURIEUX D’UN AMBITIEUX
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Un  évêque  et  chroniqueur  Thomas
                                                                      Basin  se  fait  l’écho  des  fêtes
                 Le meurtre avait été soigneusement préparé par Jean   nocturnes  qui  se  déroulaient  au
                 sans Peur et ses conseillers.
                                                                      palais   royal    et   y   voit   le
                 Se  débarrasser  d’un  ennemi  détesté  en  l’assassinant   rapprochement avec l’assassinat de
                                                           e
                 n’avait  pas  été  chose  si  rare  au  14   siècle.
                                                                      Louis d’Orléans.
                 Mais il s’agissait ici du frère du roi.
                                                                      Selon lui, le duc d’Orléans, séducteur
                 Et,  de  surcroît,  soutenu  par  ses  parents,  par  ses   dans  l’âme  qui  ‘‘hennissait  comme
                 conseillers  unanimes,  par  ses  propres  sujets,  par  la   un  cheval  étalon  après  presque
                 majorité  des  Parisiens  qui  détestaient  la  victime  en
                                                                      toutes    les    belles   femmes’’,
                 raison de sa prodigalité et furent d’autant plus sensibles   poursuivait de ses assiduités jusque
                 à  l’efficace  propagande  bourguignonne,  le  duc
                 meurtrier, loin de quémander un pardon, se glorifia de   dans quelque recoin la duchesse de
                 son acte.                                            Bavière, épouse de Jean sans Peur,
                                                                      qui ‘‘était très belle et …avait l’âme
                 Le  8 mars 1408,  au  cours  d’une  séance  solennelle en
                                                                      grande et haute’’.
                 l’Hôtel  royal,  Me  Jean  Petit,  théologien,  justifia
                 longuement Jean sans Peur en faisant de la victime un   Il  tente  alors  de  la  convaincre  de
                 tyran, qui pouvait donc être légitimement abattu.    céder à ses avances, mais elle n’est
                                                                      manifestement pas de cet avis et lui
                 Devant  un  duc  aussi  déterminé,  les  princes  qui
                 entouraient  le  roi,  redoutant  le  pire,  optèrent  pour   résiste,  au  point  qu’il  cherche  à  la
                 l’apaisement. Et, Jean sans Peur triompha un moment.    forcer.

                 Mais le scandale de ce meurtre inouï et, pis encore, de   Toujours  selon  Basin,  c’est  un
                 cette  justification,  révolta  bien  des  consciences,  en   outrage, que la duchesse entend voir
                 particulier celle du grand Jean de Gerson (théologien et   laver  par  son  époux,  qui  est  à
                 homme politique) et les partisans de la victime, avec à   l’origine  de  l’assassinat  de  Louis
                 leur tête son fils, Charles d’Orléans, réclamèrent justice.    d’Orléans en 1407.

                 Ne pouvant l’obtenir, ils s’engagèrent dans la voie de   Que le duc ait essayer de violenter la
                 fait. La guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons   duchesse  de  Bourgogne,  est  bien
                 était inévitable.                                    possible, même si cette dernière fut

                 Elle entraîna l’invasion du royaume par les Anglais et   parfois   qualifiée   d’affreuse
                 leur victoire à Azincourt en 1415.                   chouette.




                                                             On sait en revanche que l’assassinat de la rue
                                                             Vieille  du  Temple  eut  des  motifs  très
                                                             politiques, bien au-delà du simple effeuillage
                                                             éventuel de Marguerite de Bavière !

                                                             Ci-contre : Les funérailles de Louis d'Orléans
                                                             (miniature  extraite  des  Vigiles  du  roi
                                                             Charles    VII   de    Martial   d'Auvergne,
                                                                      e
                                                             fin du 15  siècle, Paris, BnF).
                                                                      Texte proposé par Solange Bouvier
                                                                                 Sources textes et photos :
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