LES TITRES DE NOBLESSE EN FRANCE

    Durant l’Ancien Régime, le roi est à la tête du système social. Il a des vassaux qui lui doivent fidélité et ont fait vœu d’allégeance.

    Le fondement de la noblesse titrée était la propriété de terres dont les revenus permettaient de tenir le rang correspondant au titre accordé par le souverain. Le titre indiquait non seulement le rang, mais aussi la responsabilité sociale en vertu de l’étendue de la possession territoriale.

    L’administrateur d’une province était évidemment doté d’une noblesse supérieure à celui qui ne possédait qu’une simple terre, d’où une hiérarchie des titres de noblesse.

    Contrairement à une idée reçue, le vicomte n’est pas un vice-comte, mais celui qui exerce la charge de vicaire, c’est-à-dire la fonction judiciaire et que, par ailleurs, avant le 12e siècle le terme de baron n’existe pas encore (on disait à l’époque « Seigneur de… », car être baron consiste à détenir un fief), sans oublier les titres d’écuyer et de chevalier qui sont des titres de noblesse sans fief.

    Il faut savoir que l’idée de hiérarchie des titres date du 19e siècle : elle a été introduite en France par Napoléon Ier, qui s’est inspiré, une fois n’est pas coutume, du système anglais, et ne concerne donc que la noblesse dite d’Empire.

    En réalité, le titre n’a guère d’importance, ce qui compte, c’est le nom. Ce n’est donc pas le titre mais le patronyme qui fait le prestige – prestige lui-même déterminé soit par l’ancienneté, soit par la grandeur de la Maison dont on est issu – .

    1. De l’écuyer au Prince

    ÉCUYER :

    L’écuyer, du latin scutiger ou « scutarius » (on trouve aussi comme synonyme scutifer ou armiger) est, à l’origine, un gentilhomme qui accompagnait un chevalier et portait son écu. De là, écuyer a été employé comme titre pour un jeune homme qui se prépare à devenir chevalier. Le terme est ensuite devenu, à l’époque moderne, un rang détenu par tous les nobles non titrés.

    CHEVALIER :

    La chevalerie se rapporte à l’institution féodale des chevaliers et aux idéaux qui lui sont associés, ou lui sont devenus associés par le biais de la littérature, notamment l’honneur, la bravoure et la notion d’amour courtois.

    Le mot vient du latin caballarius dont les mots cavalerie et cavalier sont dérivés. L’intention est de distinguer le noble chevalier combattant à cheval, du paysan, soldat d’infanterie ou artilleur.

    La chevalerie est codifiée par certaines coutumes, notamment par la cérémonie de l’adoubement.

    Les vertus traditionnelles de la chevalerie, vues par le prisme de la littérature, sont de nobles sentiments tels la pitié, l’humilité, la bravoure, la courtoisie, la foi ou l’honneur.

    Noblesse obtenue par l’entrée en chevalerie :
    Le roi Arthur adoube Lancelot comme chevalier

    BARON :

    Un baron était à l’origine l’homme du roi. Cette qualification s’appliqua d’abord aux grands vassaux du roi, mais peu à peu ce titre perdit de son importance ; à partir du 16e siècle, le baron ne fut plus que le seigneur d’une baronnie, terre groupant plusieurs fiefs.

    Au Moyen Age, le terme barons (barones), d’origine germanique signifiant « homme libre » ou « guerrier », désigne tous les membres de la haute aristocratie, qui tiennent directement leur fief du roi. Les Montmorency se qualifiaient de premiers barons de France, de premiers barons chrétiens.

    À partir du 16e siècle, le titre de baron est intégré à la hiérarchie nobiliaire, en étant le plus bas degré, il s’applique alors individuellement au détriment de «sire de…» ou de «seigneur de…».

    En France, le titre de baron était jusqu’à la Révolution attaché à un type de fief qui a été érigé en baronnie. En Bretagne, les ducs érigèrent neuf baronnies à l’imitation des neufs évêchés du duché.

    À partir de Napoléon, le titre fut accordé de façon héréditaire sans plus de considération féodale.

    VICOMTE :

    Un vicomte était sous les Carolingiens le remplaçant du comte (vice-comes).

    Lorsque les fiefs devinrent héréditaires, les vicomtes se constituèrent dans les territoires dont ils avaient la charge avec les comtes, de véritables fiefs qui reçurent le nom de vicomté.

    Un vicomte était :

    • Soit un officier suppléant un comte dans son gouvernement, dans les villes secondaires d’une province (chefs-lieux d’un pagus), ou l’administration de la justice (on disait aussi lieutenant d’un comte),
    • Soit le fils cadet d’un comte,
    • Soit le seigneur d’une terre titrée « vicomté », dépendant le plus souvent d’un « comté » : le Vicomté de Brie était une partie du comté de Champagne

    Ils s’affranchirent de l’autorité comtale au 10e siècle (Narbonne, Nîmes, Albi) et devinrent de hauts barons au 11e siècle (Melun, Bourges, Thouars). On dit une vicomtesse pour une femme.

    VIDAME :

    Composé de vice et du latin dominus, « seigneur » est un titre de noblesse français assez rare.

    Le vidame est à l’origine celui qui mène l’armée d’un évêque et exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits féodaux.

    À l’époque moderne, le titre de vidame est intégré à la hiérarchie nobiliaire considéré comme équivalent à celui de vicomte.

    Certains titres de vidames étaient attachés à des fiefs, d’autres étaient héréditaires.

    COMTE :

    Un comte fut tout d’abord le dignitaire chargé de l’administration d’une province.

    Devenu, au Moyen Age, suzerain de cette province, le comte y posséda dès lors des droits régaliens (haute justice, droit de battre monnaie, droit de guerre, voire d’anoblir).

    La royauté, par la suite, érigea en faveur de sa noblesse des terres en comtés. Mais alors que les anciens comtés, comme ceux de Toulouse, Champagne, Valois avaient la taille d’un ou deux départements actuels, les nouveaux comtés n’englobaient plus que quelques paroisses.

    MARQUIS :

    Un marquis était à l’origine un chef militaire chargé de la défense et de l’administration d’une province frontière (marche).

    Cette situation géographique stratégique et périlleuse donnait à cette époque aux marquis une sorte de prépondérance sur les comtes. Cette prépondérance perdura jusqu’à nous dans la hiérarchie des titres nobiliaires.

    Au haut Moyen Age, le titre de marquis correspond à un commandement militaire, sur une région frontalière (dite marche ou marquisat).

    Le marquis – Markgraf, de Mark, la frontière, et Graf, le comte, en ancien allemand – est un comte doté de pouvoirs militaires lui permettant de lever le contingent de l’armée sans en avoir reçu l’ordre du souverain.

    Cette extension de l’autorité comtale se justifie par le fait qu’il s’agit d’un comté situé à la frontière du royaume et donc particulièrement exposé, et qu’en cas d’invasion, une réaction militaire rapide doit être possible.

    C’est également cette autorité accrue qui permet au marquis d’avoir un rang hiérarchique supérieur à celui de comte, mais inférieur à celui de duc, puisque celui-ci exerce, au nom du souverain, une autorité militaire et judiciaire sur plusieurs comtés.

    À partir de la période moderne, marquis devient un titre de noblesse classé dans la hiérarchie avant celui de comte et après celui de duc.

    DUC :

    L’origine de ce titre remonte à l’Empire romain. On voit sous l’empereur Probus, en 276, le titre de dux porté non-seulement par les généraux d’armée, mais aussi par les proconsuls et les préteurs. C’est surtout à partir de Dioclétien et de Constantin que ce titre s’officialisa.

    À l’époque franque, sont constitués des grands commandements qualifiés de duchés.

    Sous les Capétiens, la puissance territoriale des ducs diminua à mesure que grandit le pouvoir royal, et le titre de duc finit par n’être plus qu’une dignité.

    PRINCE :

    Ce titre qui nous est venu d’Italie (principe) désignait le titulaire d’une principauté.

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    2. Quelques expressions

    Avoir du (le) sang bleu

    Il s’agit d’une expression évoquant la noblesse, apparue en France vers 1877, et traduite de l’espagnol sangre azul.

    Les grandes familles castillanes se flattaient de leur ascendance exempte de sang étranger, maure ou juif ; elles avaient un teint plus clair et leurs veines bleutées étaient ainsi apparentes.

    Avoir des quartiers de noblesse

    Ils expriment, dans le système nobiliaire, l’ancienneté des titres de noblesse d’une personne en fonction des titres de noblesse de chacun de ses ascendants.

    En pratique, le décompte des quartiers s’opère en cumulant, à chaque génération, le nombre d’aïeux reconnus nobles.

    Ainsi :

    • Père et mère nobles = 2 quartiers ;
    • Deux grands-parents nobles et trois arrière-grands-parents nobles = cinq quartiers de noblesse.

    Les quartiers de noblesse, n’ont jamais été utilisés par la royauté française, qui ne s’occupait que de la lignée mâle pour l’estimation de la noblesse.

    Certains établissements religieux n’étaient ouverts qu’à des dames pouvant prouver seize quartiers de noblesse comme l’Abbaye de Remiremont dans le Duché de Lorraine ou le chapitre noble de Lyon, pour la France.

    De même concernant les ordres de Malte et Teutonique (alsaciens) qui demandaient des quartiers de noblesse pour y être admis.

    3. Petit précis d’héraldique

    Né au 12e siècle sur les champs de bataille, l’art des armoiries a eu pour fonction première de permettre l’identification des chevaliers rendus méconnaissables par leur casque et leur armure. Les armoiries sont également des signes distinctifs dans les tournois.

    Leur usage se répand alors dans l’aristocratie, parce que cela permet notamment de faire savoir à l’adversaire que l’on est noble, que l’on peut donc être rançonné et d’éviter ainsi de se faire tuer contrairement à la piétaille (c’est une sorte d’assurance vie).

    Chacun a le droit de choisir librement son blason.

    Adage : ‘‘Qui premier les prend sont siennes’’ (En parlant des armes)

    D’où l’idée reçue selon laquelle les armoiries seraient le monopole de la noblesse alors que tout le monde peut en porter – qu’il soit noble ou roturier (l’Armorial général de France les recense toutes) – pourvu qu’on ne copie pas des armoiries déjà existantes et qu’on respecte certaines règles dans l’organisation de l’écu.

    Il existe en effet un code fonctionnel issu de la nécessité d’identifier de loin le porteur des armoiries : des couleurs vives et contrastées, des figures fortement stylisées et des symboles parlants.

    • Les couleurs

    Les couleurs se divisent en trois groupes :

    a. Les émaux

    b. Les métaux

    c. Les fourrures

    • Vair (champ composé de cloches d’azur et d’argent alternées et disposées en lignes horizontales)
    • Contre-vair (champ composé de cloches d’azur et d’argent et réunies deux à deux par leur base)
    • Hermine (champ d’argent moucheté de croix de sable)
    • Contre-hermine désigne la fourrure opposée (champ de sable moucheté de croix d’argent).

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    • Les règles d’association

    Le souci de lisibilité des armes s’exprime par la règle fondamentale dite de « contrariété des couleurs », qui interdit de superposer deux couleurs appartenant au même groupe (émail sur émail, métal sur métal – les fourrures elles étant considérées comme « amphibies », c’est-à-dire mixtes et donc compatibles avec toutes les catégories).

    Il s’agit bien de faire en sorte que les couleurs tranchent. Ainsi, les logos comme nos actuels panneaux de signalisation routière – lointains descendants des armoiries – respectent cette règle,

    comme le panneau de sens interdit, par exemple : bande blanche d’argent (métal) sur fond rouge ou gueules (émail).

    On relève toutefois l’exception célèbre que constituent les armes de Godefroi de Bouillon (roi de Jérusalem du temps de la première Croisade), dont l’écu affichait métal sur métal.

    On parle alors d’armes à enquerre. L’expression signifie qu’il faut s’enquérir de l’ancienneté du blason, et de la raison de l’anomalie qu’il représente.


    Les armes à enquerre
    De Godefroi de Bouillon

    Ses armes sont, en effet « d’argent à la croix potencée d’or (métal sur métal ou de couleur sur champ de couleur) cantonnée de quatre croisettes du même’’.

    Elles n’ont été concédées ainsi que pour bien faire remarquer et rappeler que les armes de Jérusalem étaient destinées à perpétuerle souvenir de la valeur des Croisés, la difficulté de la conquête de la ville Sainte, arrachée aux Infidèles au prix de tant d’efforts et des plus grands sacrifices, et enfin l’établissement d’un royaume chrétien sur la terre de la rédemption ; à une époque où les règles d’héraldique n’étaient pas encore tout à fait établies.


    L’écu est l’élément essentiel de la composition héraldique : les supports, comme la devise (cri de guerre), le cimier, les couronnes, les casques et les heaumes, qui surmontent et accompagnent les écus n’ont absolument aucune valeur et jouent un rôle purement décoratif.

    A l’origine l’écu n’était autre qu’un bouclier de bois, de cuir ou de fer, tantôt recouvert de fourrures, tantôt peint ou dessiné.

    Dans son rôle premier il servait aux combattants à se protéger et à effrayer l’ennemi. Puis comme pour les clans et les familles pour permettre de s’identifier sur les champs de bataille (reconnaitre l’ami de l’ennemi).

    A noter que, sous l’Empire, Napoléon Ier les codifie strictement et ils acquièrent alors un rôle d’indicateur de titre.

    • Comment lire et interpréter une armoirie ?

    Comme toutes les images médiévales, la lecture des armes et de l’écu doit commencer par le plan du fond puis les plans du devant, contrairement à nos habitudes modernes.

    Le blason se « lit » de gauche à droite (donc de dextre à sénestre) et de haut en bas, comme une page de texte, et en partant du fond de l’écu vers les couches superposées, de la plus basse vers la plus haute.

    Le blason simple, ci-dessous, se lit ainsi :

    ‘‘De gueules à trois besants d’or posés en bande’’.

    Il n’existe ainsi – à de rares exceptions près – qu’une seule façon de décrire des armoiries et inversement on ne peut dessiner qu’un seul écu à partir d’une description.

    Les « meubles » – ou figures de l’écu – sont d’usage assez libre.

    Par exemple, une croix peut indiquer un ancêtre qui a participé aux Croisades, mais ce n’est pas automatique ; en fait, chacun fait le choix qui lui plaît suivant sa fantaisie, il s’agit souvent d’armoiries dites parlantes où les noms sont mis en image (une famille Lecocq portera un coq par exemple).

    Autre particularité fréquemment rencontrée dans les romans historiques, des auberges arborant comme écu, un lion d’or.

    Parce que le lion d’or, c’est le lit où on dort ! Il s’agit là d’un jeu de mot authentique et fort répandu au Moyen Age.

    Il existe cependant une hiérarchie d’importance dans certaines figures.

    L’usage du chevron d’or est strictement réservé aux seules familles d’extraction noble.

    Contrairement à une idée reçue, la fleur de lys n’est en rien le monopole des rois de France et tout le monde peut en porter.

    A noter qu’on parle à tort de fleur de lys, puisqu’il s’agissait en fait d’iris, mais l’appellation fautive est restée, peut-être à cause de la déformation phonétique de « fleur de Louis », quand on prononçait encore le « s » final).

    Seul l’aîné d’une famille a le droit de porter les armes paternelles inchangées ; les autres membres de la famille doivent différencier leurs armes en les modifiant légèrement : c’est ce que l’on appelle des brisures d’armes.

    Les armoiries constituent donc un code social qui, par le jeu de ses règles, situe souvent un individu dans un groupe et ce groupe dans la société.

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    4. La noblesse d’Empire

    Les titres d’Empire furent créés par l’empereur Napoléon Ier en trois étapes :

    • 1804 : organisation des titres de princes pour la famille impériale ;
    • 1806 : création des titres de ducs et de leurs fiefs respectifs en fonction des différentes conquêtes impériales ;
    • 1808 : règlementation précise des statuts de la noblesse et création des titres de comte, baron et chevalier.

    Durant cette période qui prend fin en 1814, près de 3300 personnes furent titrées, dont 1/4 est issu de l’ancienne noblesse.

    Compte tenu de l’aspect militaire de ces décorations (environ les 3/4 des titrés étaient des officiers supérieurs ou généraux) et des pertes dues aux guerres de l’Empire, il ne subsiste aujourd’hui qu’environ 140 familles issues de ce que des auteurs contemporains appellent « la noblesse d’Empire ».

    À la Restauration, le roi Louis XVIII reconnait la noblesse d’Empire comme une «nouvelle noblesse» par l’article 71 de la Charte constitutionnelle du
    4 juin 1814 qui dispose que :

    « La noblesse ancienne reprend ses titres.
    La nouvelle conserve les siens. Le Roi fait des nobles à volonté : il ne leur accorde que des rangs et des honneurs, sans aucune exception des charges et des devoirs de la société.
    »

     

    La noblesse n’a plus d’existence légale et juridique en France et n’est pas reconnue par la République française (depuis la troisième République en 1848), mais les titres nobiliaires réguliers peuvent toujours être transmis et reconnus à l’état-civil comme accessoire du nom de famille, après vérification par les services du Garde des Sceaux.

    Texte proposé par Solange Bouvier

    Les armoiries du Dauphiné

     

    Ecartelé aux I et IV d’azur à trois fleurs-de-lys d’or ;  aux II et III d’or au daulphin pamé d’azur, barbé, crété de gueules.

    Le titre de dauphin est porté pour la première fois au 12e siècle par Guigues IV.

    Ce sont les comtes d’Auvergne qui les premiers adopteront le dauphin (symbole de secours) comme emblème, au retour de la première croisade.

    Les comtes d’Auvergne furent imités par les familles du Forez et du Viennois.

    Humbert II criblé de dettes, décida de vendre son patrimoine au roi de France, Philippe VI de Valois.

    Suite à la bataille d’Anthon, le Dauphiné devient définitivement français et l’apanage du premier fils du roi de France, d’où l’apparition des fleurs de lys et la création du titre de Dauphin de France.

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